COMPRENDRE L’INSUFFISANCE VEINEUSE ET LES VARICES DES MEMBRES INFERIEURS
LE CAPITAL VEINEUX :
Plusieurs facteurs héréditaires peuvent influencer la circulation veineuse. Ceux-ci peuvent intéresser soit le contenu (sang circulant dans les veines), soit le contenant (paroi des veines). Les anomalies héréditaires de la circulation sanguine peuvent provoquer soit des saignements comme dans l'hémophilie soit, au contraire, la formation de caillots (thrombose) comme dans les thrombophilies. Les anomalies héréditaires de la paroi veineuse conduisent à la formation de varices.
CIRCULATION SANGUINE :
Elle est assurée par les vaisseaux qui forment l'appareil circulatoire. Celui-ci comprend les artères, les veines, et lymphatiques :
- les artères distribuent le sang riche en oxygène, chassé du cœur, à l'ensemble du corps. Elles apportent ainsi leur nourriture à l'ensemble de cellules de l'organisme,
- les veines assurent le retour du sang appauvri en oxygène, des tissus vers les poumons où il est oxygéné puis au cœur qui le distribue à nouveau par le biais des artères,
- les lymphatiques ramènent au cœur la lymphe venant des tissus qui entourent les cellules et contiennent des déchets cellulaires.
Veines et lymphatiques constituent donc la « circulation de retour ».
CIRCULATION VEINEUSE DES MEMBRES INFERIEURS :
Au niveau des membres inférieurs, il existe un système veineux profond et un système superficiel :
- les veines profondes assurent 9/10e de la circulation de retour,
- les veines superficielles sont situées dans la peau et n'assurent que 1/10e de la circulation de retour. Le système superficiel est principalement constitué par la grande veine saphène (anciennement appelée saphène interne) et la petite veine saphène (ou saphène externe).
- Il existe de nombreuses communications entre ces 2 veines et, entre les réseaux profonds et superficiels.
Les veines superficielles comme les veines profondes sont munies de clapets appelées valvules veineuses. Ces valvules sont des replis de la paroi veineuse, qui évitent au sang de circuler en sens inverse (donc de redescendre vers les pieds).
Notre organisme est pourvu de plusieurs mécanismes qui aident le sang à remonter des pieds vers les poumons :
- lors de la marche, la compression des veines des voutes plantaires chasse le sang des pieds et assure une remontée importante du sang veineux.
- les muscles des mollets et des cuisses, en se contractant, propulsent le sang veineux vers le cœur.
- les mouvements respiratoires jouent ensuite leur rôle : lors de l'inspiration, la pression à l'intérieur du thorax diminue et aspire donc le sang veineux vers le cœur.
Par contre lorsque l'on reste immobile, debout ou assis, la circulation de retour se fait moins bien que lors de la marche, et cela favorise la stagnation du sang que l'on appelle stase veineuse. Si les veines superficielles et profondes sont normales avec des valvules qui se ferment bien et empêchent le sang de redescendre vers les pieds, cette stase n'entraîne aucun trouble. Lorsque l'on souffre de maladie veineuse, la circulation se fait moins bien et peuvent apparaitre les symptômes de la stase veineuse.
FACTEURS ANTI « BONNE CIRCULATION VEINEUSE » :
- position debout ou assise prolongée et d'autant plus si on s'assoit en croisant les jambes.
- travail avec port de charges lourdes.
- exposition prolongée aux sources de chaleur (soleil, sauna, hammam, chauffage par le sol).
- excès de poids et prise de poids rapide.
- traitements hormonaux et en particulier pilule contraceptive pouvant agir à la fois sur le contenu (sang), en favorisant la formation de caillots, mais aussi sur le contenant (paroi veineuse), en provoquant une dilatation de la veine. A fortiori la grossesse, puisque la décharge hormonale est alors 100 fois supérieure à la normale.
- traumatismes directs sur les veines: par exemple, injections intraveineuses répétées (toxicomanes), mais aussi chocs répétés sur les trajets veineux (sportifs adeptes de sports violents comme le rugby, le hockey, ...).
- position allongée prolongée, par exemple la suite d'une intervention chirurgicale.
LA DOULEUR VEINEUSE :
Elle est souvent la première manifestation de la maladie veineuse. Comment reconnaître l'origine veineuse d'une douleur des membres inférieurs ?
1/ Quand survient-t-elle ?
La douleur de l'insuffisance veineuse chronique a des caractéristiques qui permettent de la reconnaître :
- elle survient lors d'une immobilité prolongée, en position debout ou assise (voyages, salles de spectacle, ...). Ceci explique que certaines professions sont plus exposées à la douleur que d'autres : en particulier celles qui nécessitent un travail en position debout (coiffeur, vendeur, infirmière, métiers de la restauration) ou assise (employés de bureau).
- cette douleur s'accentue tout au long de la journée.
- elle est également variable, plus fréquente par temps chaud et orageux, donc plus fréquents l’été que l’hiver.
- elle est associée à d'autres symptômes souvent retrouvés dans l'insuffisance veineuse (même s'ils se rencontrent aussi dans d'autres maladies) comme l'impression d'avoir des jambes lourdes, l'impression de chaleur, voire de brûlures, au niveau des pieds ou des jambes, de démangeaisons, de fourmillements.
Si la douleur est récente, surtout si elle est associée à une jambe qui a augmenté de volume, il faudra consulter le médecin pour éliminer une pathologie relevant d'un traitement particulier comme la phlébite. Le médecin pourra aussi éliminer une autre origine de la douleur telle une autre pathologie des vaisseaux (artères en particulier), où une pathologie rhumatologique (sciatique, tendinites, …)
2/ Qu'elle est son siège ?
A-t-on mal sur toute la jambe ou sur un point particulier ?
- la douleur de l'insuffisance veineuse est le plus souvent diffuse, atteignant les deux membres inférieurs avec une prédominance du côté où les varices sont plus importantes.
- elle peut suivre exactement le trajet d'une veine superficielle, le plus souvent dilatée et variqueuse au niveau des membres inférieurs. Cette douleur traduit alors, soit une simple inflammation de la veine, soit l'existence d'un caillot (phlébite).
INSUFFISANCE VEINEUSE CHRONIQUE ET MALADIE VEINEUSE CHRONIQUE :
- L’insuffisance veineuse chronique des membres inférieurs se définit comme une mauvaise circulation veineuse, depuis la simple sensation de jambes lourdes jusqu'à la maladie veineuse sévère (varices et ulcères). Elle traduit l'incapacité des veines à assurer leur rôle de voie de retour du sang depuis les pieds jusqu'au cœur.
- L'insuffisance veineuse est une pathologie très fréquente atteignant environ au moins 1/3 de la population. Elles touchent préférentiellement les femmes.
- Il existe une notion de terrain familial avec 9 fois plus de risques d'avoir une insuffisance veineuse si les deux parents en ont. Elle est aussi favorisée par les conditions de travail, la sédentarité, le surpoids et les grossesses.
- L'insuffisance veineuse est une maladie chronique incurable, c’est-à-dire qui dure longtemps et se développe lentement. L'objectif des médecins dans leur prise en charge et de retarder l'évolution de la maladie vers les stades graves.
- Comme toute maladie qui évolue, il existe plusieurs stades : ainsi, on peut parler d'insuffisance veineuse modérée (varicosités simples ou télangiectasies) ou sévère (varices, ulcères).
- La cause de la maladie peut être inconnue (on dit qu’elle est primitive) ou bien secondaire (par exemple à une phlébite car le caillot détériore la paroi veineuse et les valvules).
JAMBES LOURDES :
- Motif fréquent de consultation, que ce soit auprès du médecin traitant ou du phlébologue / angiologue. C'est l'apanage des patients qui travaillent debout ou qui piétinent (magasins, musées, cérémonies, …).
- Les jambes lourdes traduisent très souvent une mauvaise circulation veineuse entraînant une stagnation du sang (stase) dans les jambes. Elles peuvent s'accompagner ou non d'un gonflement (œdème). Les traitements hormonaux et à fortiori la grossesse peuvent majorer cette impression de jambes lourdes. L'été, les atmosphères humides et chaudes favorisent aussi leur apparition.
- Il existe des moyens pour les soulager : position assise ou allongée les jambes surélevées, douche froide, crèmes locales rafraîchissantes, veinotoniques, port d'une contention.
ULCERE VARIQUEUX :
- L'ulcère de jambes est une perte de substance de la peau. Il apparaît le plus souvent au-dessus et en dedans de la cheville.
- Le patient consulte en général pour une plaie. Le diagnostic d'ulcère variqueux repose sur l'existence de varices ou d'autres troubles cutanés d'origine veineuse (peau indurée, rouge, pigmentée, eczéma variqueux).
- Les ulcères sont dus à la stase sanguine qui provoque une mauvaise oxygénation de la peau : les veines ne sont plus capables d’assurer la remontée du sang appauvri en oxygène vers le cœur, les déchets cellulaires sont mal évacués.
- Le traitement de l'ulcère variqueux repose avant tout sur le traitement des veines défaillantes et sur des soins locaux. Associé à la prise en charge de la maladie veineuse par le médecin, ce traitement permet la guérison de l'ulcère le plus souvent et évite que celui-ci récidive et devienne chronique.
VARICES :
- Une varice est une dilatation anormale et permanente, associée à un allongement (ce qui explique les tortuosités des varices) d’une veine superficielle, associée à une altération de sa paroi, empêchant une partie du sang de remonter vers le cœur (reflux). Les varices sont un signe d'évolution d'une insuffisance veineuse.
- Les varices sont plus fréquentes chez les femmes (trois femmes pour deux hommes).
- Elles peuvent être localisées sur une jambe, à un pied, ou étendues à tout le membre inférieur.
- Qu’elles s'accompagnent de douleurs, rougeur, chaleur, eczéma, etc. ou qu’elles soient totalement indolores et très bien tolérées, les varices traduisent déjà un stade avancé de l'insuffisance veineuse. Les varices les plus anciennes et les plus sévères ne sont pas toujours les plus douloureuses.
- On oppose les varices simples, indolores, aux varices compliquées. Les principales complications des varices sont la thrombose (phlébite superficielle ou paraphlébite), les conséquences d’éventuels traumatismes directs (hémorragie variqueuse, hématome), et les altérations de la peau (troubles trophiques). Ces derniers apparaissent dans les régions les plus extrêmes des membres inférieurs, en particulier autour de cheville, là où la stase veineuse et la plus sévère. Il peut s'agir d'une dermite ocre (la peau devient brunâtre), d'un eczéma ou d'un ulcère.
VARICOSITES ET TELANGIECTASIES :
- Les varicosités et les télangiectasies sont des dilatations de minuscules veines de la peau. De surface habituellement limitée et de couleur rouge pour les varicosités, dessinant des réseaux en « flammèche » ou en « brindille d'arbre » et de couleur plutôt bleue pour les télangiectasies, elles sont vécues comme un véritable préjudice esthétique par les femmes qui se plaignent d'ailleurs davantage de cette disgrâce que les hommes.
- Les varicosités se situent le plus souvent sur la face interne des genoux, la face externe des cuisses et des jambes. Elles sont souvent le témoin d'une insuffisance veineuse débutante. Quand on les remarque autour des chevilles, elles accompagnent parfois une maladie veineuse plus évoluée.
- Le traitement de base de varicosités repose sur l'injection d'un produit sclérosant à l'aide d'une micro-aiguille. Les télangiectasies peuvent être traitées par le laser transcutané. Plusieurs séances sont souvent nécessaires.
- En pratique la veine malade la plus volumineuse doit toujours être traitée en premier, au besoin chirurgicalement.
Dossier d’information réalisé à partir des suppléments Ma santé, Mes veines, laboratoires IPSEN